Le burn-out, cette maladie silencieuse

Tout a commencé en silence, il y a cinq ans, lors de mon arrivée sur Bordeaux. Je n’en ai jamais parlé ici, mais j’ai vécu une situation assez traumatisante qui m’a laissé des séquelles profondes et réveillé des blessures que je pensais enfouies. Mais au fil des années, ces blessures, combinées à d’autres événements, n’ont cessé de s’alourdir.

Il y a d’abord eu le décès de mon grand-père en 2020, puis, la même année, la perte d’une amie, un déchirement auquel je ne m’attendais pas et qui a laissé un vide immense. Puis, le décès de mon second grand-père, suivi d’une dispute avec mon père et d’un silence de plus de 3 ans. Même si nous n’étions pas très proches et que c’est moi qui ai coupé les ponts, cela m’a marqué. Jusqu’à récemment, où nous avons repris contact. Ces 3 dernières années, j’ai aussi dû faire face aux problèmes de mes parents, et porter des responsabilités qui n’auraient jamais dû être les miennes, tout cela à distance, avec 600 km entre nous. Ce sentiment d’impuissance, mélangé à la culpabilité de ne pas pouvoir faire plus a été un poids énorme. Et comme si cela ne suffisait pas, l’AVC de mon oncle est venu ébranler encore davantage cet équilibre déjà fragile. Je me suis retrouvée à faire de nombreux allers-retours entre Bordeaux et Avignon pour être présente, soutenir ma famille et m’assurer que tout allait bien. Mais ces trajets, aussi nécessaires soient-ils, ont creusé un trou dans mon portefeuille, ajoutant un stress financier. À cela se sont ajoutés le diagnostic d’Alzheimer de ma grand-mère, une douleur immense à accepter, et le décès de mon cousin, emporté subitement à seulement 42 ans par une maladie rare. Et au milieu de tout ça, il y avait mes propres problèmes de santé, dont on ne trouvait pas la cause jusqu’à récemment. Tout cela, m’a donné l’impression de couler petit à petit, comme si chaque événement ajoutait une goutte dans un vase déjà sur le point de déborder. Le burn-out est vraiment une maladie silencieuse qu’on ne voit pas arriver.

J’ai essayé de tenir bon, de me convaincre que ça finirait par aller mieux. Mais à force d’accumuler, sans jamais m’écouter ni m’arrêter, j’ai fini par m’effondrer. Le burn-out, cette maladie silencieuse qu’on ne voit pas venir, s’est installé sans crier gare… Le burn-out, s’installe progressivement. Au début, on l’ignore, on pense que ça passera. Mais chaque jour, les symptômes s’amplifient : fatigue chronique, difficultés à se concentrer, troubles du sommeil, trous de mémoire, des difficultés à trouver mes mots parfois, une hypersensibilité décuplée, puis les crises d’angoisse qui surgissent sans prévenir… C’est un tourbillon invisible, qui peut toucher n’importe qui, à n’importe quel moment, même les plus forts d’entre nous. Ce sont tous ces symptômes, qui paraissent anodins au quotidien, qui m’ont poussé à consulter mon médecin. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais tout le temps en train de pleurer, à fleur de peau, pourquoi j’avais tant de mal à retenir les choses ou même à parler (bégaiement).

Avec l’AVC de mon oncle, je me suis imaginée le pire. Certains symptômes du burn-out peuvent ressembler, de loin, à ceux d’un AVC : les troubles de la concentration, les trous de mémoire, les difficultés à parler ou à formuler ses pensées… Ces signes traduisent en réalité une sorte de “déconnexion” du cerveau face à une surcharge. Quand on est en burn-out, le cerveau, épuisé par le stress constant, tente de se protéger en ralentissant certaines fonctions. C’est une manière pour lui de dire qu’il n’en peut plus, qu’il faut s’arrêter. Mais sur le moment, c’est effrayant. J’avais l’impression de perdre pied, et cette peur n’a fait qu’amplifier mes angoisses.

Ce qui est difficile à comprendre, c’est qu’en dehors de ces symptômes invisibles, rien ne semble changer. On continue à sourire, à paraître “normal”, mais au fond, tout est en train de se déliter. Les personnes autour de nous, celles qu’on croise tous les jours, n’ont pas idée de ce qu’on traverse. Elles ne savent pas à quel point il est difficile de se lever le matin, de se concentrer sur une simple tâche, ou même d’avoir une conversation fluide. Et pire encore, lorsque je leur dis que j’ai besoin de me reposer, de m’écouter, ils ne prennent pas toujours cela au sérieux. Ils continuent à m’en demander toujours plus, comme si le vase, déjà plein, ne risquait jamais de déborder. Alors, forcément, quand tout déborde – une crise d’angoisse soudaine, des larmes incontrôlables – ils ne comprennent pas. Ils pensent que c’est un caprice, un moment passager, sans voir à quel point le mal-être est profond.

Le burn-out n’est pas un simple moment de fatigue. C’est une maladie qui touche aussi bien le corps que l’esprit. Et pourtant, la société tend à la minimiser, à la banaliser, à la confondre avec une simple “période de stress”. Pourtant, l’impact est bien plus profond, et les répercussions peuvent durer longtemps.

Il est essentiel de prendre soin de sa santé mentale, d’écouter les signes avant-coureurs et de ne pas hésiter à consulter. Le burn-out n’est pas un échec personnel, mais le reflet d’une surcharge émotionnelle et mentale accumulée sur le long terme. Il ne faut pas croire que demander de l’aide est une faiblesse. En réalité, c’est la clé pour aller mieux, pour se reconstruire. Il n’y a pas de honte à prendre soin de soi, à écouter son corps, à prendre du recul, à dire non quand c’est nécessaire, à s’éloigner des personnes qui nous mettent mal à l’aise -ne serais-ce que pour un temps. L’important, c’est de se rappeler que la santé mentale est tout aussi importante que la santé physique, et qu’il faut la protéger, la nourrir, et parfois même, lui accorder une pause bien méritée.

6 commentaires

  1. Anonyme

    Bon courage, je sais à quel point ça peut être difficile étant aussi passée par là et à deux doigts d’y repasser… Tu es forte et tu peux être fière de toi !

    Aimé par 1 personne

  2. Anonyme

    Bonsoir, tu sais, on ne vieillit qu’une fois. Tu traverses ce que tout le monde traverse, et c’est douloureux. La vie a un côté absurde, nihiliste.

    Je vois que tu écris bien, ton salut viendra de la lecture, de l’art, du sport et de la connaissance de toi. ( je parle de mon parcours ).

    Le mieux est d’être peu et bien entouré, et de vivre cachée.

    Le printemps arrive, et ça t’aidera.

    Guillaume ( Bordeaux )

    J’aime

  3. Charlotte Martinet

    Bonsoir Guillaume, merci pour ton message. Chacun traverse ces épreuves différemment, et je pense qu’il est important de les reconnaître et de les partager. Je suis d’accord, être bien entouré et prendre soin de soi aide beaucoup. Bonne soirée à toi.

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.