Je viens de croiser la Charlotte d’avant.

Elle s’était installée à la terrasse d’un bar, hésitant entre un Monaco ou un mojito … Son eye-liner était parfaitement tracé, son rouge à lèvres impeccable, son look hyper pointu. Moi, je me suis assise en face d’elle, avec mon Matcha latte, mon jean bien coupé et mon pull oversize, juste une pointe de blush aux joues et même pas de mascara.

Elle m’a demandé comment allaient les amours, avec ce mélange d’espoir et d’inquiétude dans la voix. Je lui ai souri. Elle ne le sait pas encore, mais elle va trouver la bonne personne, celui qui la comprendra, celui qui l’aimera comme elle en a toujours rêvé. Elle a eu raison d’y croire !

Elle m’a parlé de son boulot, de ses galères, de sa difficulté à signer un CDI dans la boîte où elle bosse en remplacement depuis si longtemps. Je lui ai pris la main et je lui ai dit « T’inquiète pas, tu vas trouver ta voie. Mieux encore, tu vas la créer. Un jour, tu seras ta propre patronne, et tu n’auras aucune envie de signer un CDI » Elle a levé un sourcil, un peu sceptique.

Elle m’a raconté ses amitiés. Je lui ai dis que certaines personnes seraient toujours là 20ans plus tard, et pas forcément celle qu’elle croit, mais qu’il faudra qu’elle apprenne à s’entourer des bonnes personnes et à poser ses limites.

Puis elle a parlé de ses parents. De cette sensation de ne jamais être vraiment comprise, de devoir sans cesse se justifier. Elle m’a confié qu’elle espérait qu’un jour, ils finiraient par la comprendre, par la soutenir et par être fiers d’elle. J’ai baissé les yeux un instant avant de lui répondre « Ils seront fiers de toi, mais ça ne suffira pas à ce que vous ayez une relation seine. Tu devras apprendre à te protéger et à prendre de la distance avec eux, même si c’est douloureux » Elle m’a regardée, intriguée…

« T’as l’air plus posée », a-t-elle lâché ! J’ai haussé les épaules « J’ai juste grandi. J’ai toujours du caractère, mais maintenant, je choisis mes batailles. »

Avant de partir, je lui ai glissé « Continue d’y croire. En l’amour, en toi, en tes rêves. N’écoute pas ceux qui te diront que poser devant un objectif, écrire sur un blog, partager ton univers, ce n’est pas un vrai métier. Ils ne comprendront pas. Ils diront que c’est superficiel, que ça ne mènera à rien. Un jour, tu verras : tout ce que tu fais aujourd’hui, tout ce que tu construis, finira par payer. Et tu seras fière de ne pas avoir lâché. » Puis, avant de tourner les talons, j’ai ajouté, avec un sourire en coin « Et tous ces petits cons du collège qui t’ont harcelée sans raison : Ils te verront. Ils verront ce que tu es devenue. Ils comprendront qu’ils n’ont jamais réussi à t’éteindre. »

J’ai fait quelques pas, avant de me retourner une dernière fois « Et une dernière chose : si un jour tu as l’opportunité de tout quitter pour partir ailleurs, fais-le, n’hésite pas. Ta vie ne se fera pas dans un trou paumé. » Elle a ri, haussé les épaules, un peu désabusée. Comme si elle voulait y croire, mais que ça lui semblait encore loin, irréel.

Je l’ai regardée s’éloigner, un peu plus confiante, sans savoir encore qu’elle allait leur prouver à tous qu’ils avaient tort.