Vouloir exister aux yeux des autres

Depuis quelques mois, je suis en pleine introspection. Est-ce l’approche de la quarantaine, le recul que j’ai pris sur beaucoup de choses, ou simplement le moment où mon esprit est enfin prêt à assembler les pièces du puzzle ? Je ne sais pas. Mais j’ai mis des mots sur quelque chose qui m’a suivie toute ma vie : cette sensation de rejet, ce vide laissé par l’absence d’amour de mes parents.

En remontant le fil de mon adolescence, j’ai réalisé une chose essentielle : J’ai toujours été rejetée par ma mère. Je ne me souviens pas d’un moment où j’ai sentie qu’elle était fière de moi, où qu’elle m’a prise dans ses bras juste parce qu’elle en avait envie. J’ai manqué d’attention, d’affection, d’amour. À l’époque, je ne m’en rendais pas compte, mais j’étais une ado turbulente. En réalité, je ne faisais que chercher son attention. Alors, j’ai fait du bruit. J’ai haussé la voix, j’ai testé les limites de mes parents. Ce que je voyais comme de la rébellion, c’était en réalité un appel au secours. Toute ma vie, j’ai cherché à obtenir une reconnaissance, un signe d’amour. Mais ces gestes-là ne sont jamais venus.

En grandissant, j’ai trouvé un autre moyen d’attirer l’attention. J’ai commencé à poser en tant que modèle, à poster sur les réseaux sociaux, sur mon blog, puis sur Instagram. À une époque où je me sentais particulièrement seule, je me suis mise à écrire, à partager des petits bouts de mon quotidien, de mes émotions, sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour me sentir moins seule. Peut-être pour exister aux yeux de quelqu’un. J’adorais ça, vraiment. Aujourd’hui, avec le recul, je réalise que derrière tout ça se cachait aussi une blessure : celle de l’enfant qui voulait qu’on la regarde, qu’on l’admire, qu’on l’aime. Puisque mes parents n’avaient jamais su me donner cet amour-là, j’ai cherché à le trouver ailleurs. Dans les likes, les commentaires, les abonnés. Dans le regard des autres, qui, lui au moins, existait. Avec du recul, je comprends que derrière cette passion se cachait aussi un besoin plus profond : celui d’être remarquée, aimée, appréciée… par quelqu’un, n’importe qui, puisque mes parents n’avaient jamais su me donner cet amour-là. Je me suis construit une communauté, j’étais suivie et apprécié par des gens qui me comprenaient, et c’est devenu une forme de refuge.

Chercher à recevoir de l’attention quand on en a manqué est un besoin humain fondamental. Et dans mon cas, ça a été profondément réparateur. Aujourd’hui, je ne cherche plus à plaire à tout prix. Je ne poste pas pour faire le buzz. Je partage pour tendre la main à celles et ceux qui, comme moi autrefois, se sentent seuls et incompris.

Aujourd’hui, je ne regrette rien. Tout ce que j’ai construit, je l’ai fait avec sincérité et passion. Mais malgré cette prise de conscience, je sais que je ne suis pas encore totalement libérée de cette quête de validation. J’aimerais pouvoir dire que le regard des autres m’est indifférent, que leur approbation ne m’importe plus… mais ce serait faux. Je suis encore cette petite fille qui attend qu’on lui dise qu’on l’aime.

Cette attente, ce besoin d’être vue, aimée, appréciée, fait encore partie de moi. Peut-être que cela prendra du temps à s’apaiser. Peut-être que ce vide ne disparaîtra jamais complètement. Mais aujourd’hui, au moins, je le comprends. Je sais d’où il vient. Et peut-être qu’en l’acceptant, en apprenant à me donner moi-même l’amour que j’ai tant cherché ailleurs, je finirai par m’en libérer.

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